Les épées dans le Temple – minute symbolique

Publié le 15 Février 2020

Les épées dans le Temple – minute symbolique

Les épées, c’est la première image qu’un récipiendaire découvre dans le Temple au moment où on lui enlève le bandeau : des épées tendues vers lui, menaçantes, prêtes à venger le parjure et la trahison. Cette phrase-choc résonne alors à ses oreilles : «  Monsieur, cette épée que vous sentez sur votre poitrine, elle est le symbole du remords qui déchirerait votre cœur si vous deveniez traite à la fraternité dans laquelle vous avez demandé à être admis. »

La deuxième vision qui frappe, c’est celle de l’épée flamboyante du V.M. qui fait du récipiendaire un chevalier, un fidèle serviteur de l’Ordre maçonnique. Une épée qui sacre et initie. Impossible de se tromper : la Franc-maçonnerie est un ordre chevaleresque et les épées nous rappellent que nous devons défendre la veuve et l’orphelin, que nous sommes liés par notre serment, que nous devons protéger notre Temple contre les intrusions malveillantes et que nous nous soutenons les uns les autres. L’épée du Couvreur défend l’entrée du Temple, elle oblige le profane à se courber quand il se présente pour la première fois devant nous. L’épée du Frère Expert nous rappelle le respect des lois qui nous unissent, le respect du rite et des symboles quand il déroule le tapis de loge.

Plusieurs mots-clés sont liés à ces épées : la force et la loi, la violence et le crime, le combat spirituel ou la guerre. L’épée est par définition à double tranchant : tout dépend de l’usage qu’on en fait. A l’image d’Excalibur, l’épée du roi Arthur, elle permet d’assurer l’ordre dans le royaume, elle est la force qui rassure, qui pénètre et qui fertilise la terre. Symbole de la virilité, elle est cet élément masculin, disons le phalus, à la conquête de terres vierges, disons l’antre féminin. Sans épée, pas de transmission !

D’un autre côté, l’épée tranche, l’épée divise, l’épée fait couler le sang. L’épée de MacBeth tue son propre frère pour lui dérober la couronne. Elle renverse les équilibres, impose par la terreur et le sang un ordre tyrannique. Elle est l’image même de nos cauchemars et de nos remords, la peur du coup de poignard dans le dos, l’épée du bourreau qui exécute la sentence qu’elle soit juste ou injuste. Encore une fois, tout dépend de celui qui tient l’épée.

Il y a l’épée de Salomon qui rend la justice : deux mères se présentent à lui pour réclamer le même enfant. L’une des deux ment. Salomon décide de trancher l’enfant en deux pour départager les deux mères ; seule la vraie mère est prête à se sacrifier pour que son enfant reste en vie !

Ma propre mère a été marquée par la violence d’une épée qui se plante sur la table de la cuisine. Un jour, son père l’a menacée de son couteau, il lui a fait ce chantage ; si sa femme (la mère de ma mère) le quittait, alors il n’hésiterait pas de la tuer avec ce couteau elle et ses trois sœurs. Toute sa vie, ma mère a été traumatisée par cette image de ce couteau plantée sur la table de la cuisine. Du jour au lendemain, elle n’a plus partagé un seul repas avec sa famille, elle mangeait seulement à midi, dans la cantine de l’école et se débrouillait pour grignoter le week-end. Encore aujourd’hui, elle ne peut absolument rien avaler ni le matin, ni le soir, elle ne se restaure qu’à midi.

Vous l’avez compris : l’usage de l’épée nous rappelle à notre responsabilité, à notre maîtrise. Si nous nous laissons gouverner par nos passions, le monde qui nous entoure bascule alors dans la folie, la fraternité disparait et le chaos s’installe. Tournons plutôt nos regards vers l’épée flamboyante, image de la flamme intérieure et de la purification, image du feu sacré de la véritable connaissance. Forgeons à l’intérieur de nous-même cette lame qui ondule à la recherche de la paix et de l’harmonie. Aiguisons nos esprits pour gagner en sagesse et éloignons-nous de la tentation de l’orgueil et de la violence ; c’est le grand combat de nos vies, c’est pour cette raison que je suis entré en Franc-maçonnerie. Il est toujours tentant de prendre les armes, de frapper ou de blesser avec les mots. La fréquentation du temple m’a appris la droiture et la rigueur, l’engagement dans la Fraternité, épée en main, au service d’un Idéal que je partage avec vous.

Les épées dans le Temple – minute symbolique

Rédigé par FR2

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