Publié le 25 Décembre 2015

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Rédigé par La Maçonne

Publié dans #Droits des femmes & société

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Publié le 10 Décembre 2015

La corde à nœuds

La corde à nœuds est présente dans le temple à 2 endroits, le premier sur nos murs et le deuxième sur le tableau de loge.

Commençons par décrire la corde à nœuds placée sur nos murs, il s’agit d’une corde tressée ouverte sur l’occident ayant des nœuds appelés lacs d’amour. Ses deux extrémités se terminent par les houppes dentelées.

Afin de pouvoir comprendre quelle est la symbolique de la corde à nœuds, nous partirons dans un premier temps de la corde à nœuds comme outil de la maçonnerie opérative puis en deuxième temps, nous essaierons de comprendre pourquoi cette corde se termine par deux houppes et enfin nous verrons comment de simples nœuds nous sommes passés à des lacs d’amour.

Dans l’Égypte ancienne, l’arpenteur utilise la corde à nœuds pour mesurer et tracer les plans des bâtiments importants, de nombreux temples sont élevés grâce à cet outil qui est aussi appelé Cordeau de Toth, Toth étant l’ibis sacré dont la longueur du pas détermine celle de la coudée qui se retrouve ainsi être une coudée divine. Dans les temples des pharaons, ce qui est en bas est comme ce qui est en haut afin de ne pas dissocier le ciel et la terre. Ainsi les mesures du temple sont les mesures de Toth, celui qui établit l’ordonnance, l’expert, l’exact et le juste.

Dans le livre de Job, Dieu demande à Job : “Où étais-tu quand je fondais la terre ? Parle, si ton savoir est éclairé. Qui en fixa les mesures et qui tendit sur elle le cordeau ? »

Ce n’est ni la première ni la dernière fois que le grand architecte de l’univers se prévaut d’utiliser le cordeau.

En effet dans l’Égypte ancienne et chez les grecs, le ciel est constitué de constellations c.-à-d. d’étoiles reliées entre elles par une corde et seuls les dieux sont capables de bouger les cordes.

Ainsi c’est par l’origine céleste du cordeau qu’il est possible de justifier du caractère sacré de l’édifice que l’on construit grâce à l’acte fondateur de tendre le cordeau. C’est par cet acte que l’on se situe véritablement dans la tradition des bâtisseurs qui est celle de poursuivre l’œuvre du principe créateur, le grand architecte de l’univers.

Suivant la tradition des bâtisseurs du moyen Age, c’est par une intervention miraculeuse de saint Pierre, saint Paul et saint Étienne auprès d‘un vieux moine sur le point de mourir, l’abbé Gunzo qu’ont été indiquées les dimensions de la basilique de Cluny. En effet les trois saints lui dévoilèrent le plan de l’édifice et lui promirent une survie de 7 années s’il accomplissait la délicate mission de transmission de la volonté céleste à l’abbé Hugues de Semur.

Enfin au monastère de Santa Maria de Alcobaça au Portugal, nous observons le parallélisme sur le même tableau de 2 scènes, la première, 3 hommes tendent un cordeau devant le roi Alphonse Henri et la deuxième scène en arrière plan plusieurs anges qui tirent le cordeau. La concomitance de ces deux scènes illustre la volonté de faire de l’édifice en question le modelé terrestre d’une construction céleste.

Ainsi la corde permet de créer sur terre un espace sacré.

Mais comment est fabriquée une corde ? La matière de la corde est végétale, pour l’obtenir ; elle doit être pure c.-à-d. débarrassée du putrescible pour ne laisser que l’élément offrant une grande résistance à la dégradation. Le cordier commet la corde, le verbe commettre vient du latin commitere : mettre plusieurs choses ensemble, unir, rassembler.

Quant à son utilisation, la corde a permis la construction des pyramides et des cathédrales par l’acheminement des pierres nécessaires, cependant l’élément indispensable pour ce travail était l’esprit de groupe pour accorder les efforts en intensité et en rythme.

Ainsi la corde établit les limites d’un espace sacré, rassemble, unit et met à l’ordre ses membres dans le travail.

La corde à nœuds est ouverte et se termine par deux houppes dentelées.

Dans l’ancien testament, Dieu dit « Parle aux fils d’Israël, tu leur diras de se faire une houppe aux pans de leurs habits. Ce sera votre houppe et quand vous les verrez, vous vous souviendrez de tous les commandements de Yahvé et les pratiquerez » Ainsi les tsitsits qui se situent aux 4 coins du châle de prière correspondent aux 613 commandements qui règlent la vie quotidienne.

Pour nous ces houppes nous rappellent nos engagements contractés par chacun à l’intérieur et poursuivis à l’extérieur.

L’ouverture de la corde sur l’occident nous rappelle aussi l’accueil des récipiendaires venant du monde profane et intégrant la maçonnerie. Chaque nouvel entrant serait alors un des fils de la houppe se retrouvant lié à ces frères comme les fils se retrouvent liés entre eux dans la corde.

Ainsi les houppes sont un symbole de nos promesses à respecter dans le monde profane et de l’individualisme régnant dans celui-ci par rapport à la fraternité de notre monde.

La corde à nœuds de l’arpenteur a de simples nœuds alors que dans notre temple ces nœuds sont des lacs d’amour.

Ils sont faits par un cordon entrelacé en forme de huit dont les extrémités traversent le centre et ressortent par la base à dextre et à senestre.

La forme de ce nœud sert de modèle de déplacement aux abeilles pour indiquer le lieu de la récolte. Il a servi aussi pour la formation du symbole de l’infini. Enfin, il représente un problème mathématique majeur le lemniscate de Bernoulli.

En Franc Maçonnerie, ces nœuds s’appellent lacs d’amour, ce mot provient du mot latin « laqueus » qui signifie lacet, nœud coulant et l’entrelacs est un art qui pour un profane n’est qu’un amas de motifs entrelacés alors que pour l’initié, il est un savant mélange d’organisation et d’interdépendance.

Au moyen âge, lors des mariages, on faisait autour des mains des mariés un nœud qui est ainsi en forme de huit, ainsi le lacs d’amour symbolise l’amour éternel.

Les veuves aussi portaient cette corde pour signifier de l’éternelle fidélité à leur défunt époux.

Aussi, en héraldique, ce nœud représente le symbole de l’amitié indissoluble et de la foi jurée des chevaliers.

Le nœud de huit reproduit le croisement des deux sens de rotation mais aussi la capacité de passage de l’un dans l’autre et la possibilité de l’éternel retour vers l’origine.

Ainsi ces lacs d’amour peuvent aussi nous faire penser aux étapes de la vie qui pendant un moment nous font revenir sur nous mêmes pour mieux nous laisser repartir lors de leur dénouement, qui nous semblent complexes et compliqués dans un premier temps mais qui nous permettent ensuite de voir le sens des choses.

Il existe 12 lacs d’amour dans un temple, ce nombre nous rappelle plusieurs choses :

-les 12 signes du zodiaque qui forment la sphère céleste

-Les 12 heures de la durée de nos travaux

-Les 3 chiffres du triangle de Pythagore, pour rappel quand un triangle a une hauteur de 3, une longueur de 4 et que son 3eme coté a une longueur de 5 alors c’est un triangle rectangle symbole de droiture 3+4+5=12 et un rappel pour chacun de nos frères de se tenir à l’ordre.

Ainsi les lacs d’amour symbolisent non seulement les étapes de la vie de tout homme mais c’est l’association des mots lacs et amour qui lui donnent son plus beau sens. Ainsi ces nœuds, liés par cette corde, elle-même constituée par mille et un filaments nous représentent, arrivant comme individus et nous retrouvant intimement lié, nous rendant encore plus proches et ainsi encore plus forts pour surmonter les épreuves de la vie. Et cette magie est due à cet amour fraternel qui anime chaque franc maçon.

En conclusion, je dirai que la corde à nœuds est un formidable symbole de la sacralité de notre temple, de notre engagement envers nous mêmes, nos frères et le monde profane et de la fraternité nous unissant tout au long de notre existence.

La corde à nœuds

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Rédigé par FR2

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