Publié le 24 Novembre 2018

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Rédigé par jean françois

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Publié le 17 Novembre 2018

Aujourd'hui, je vais vous parler d’un sujet qui est devenu une préoccupation quasi quotidienne pour moi depuis le soir de l’élection de Macron. J’ai écouté à la télé son discours de victoire, j’ai bien écouté et j’ai eu la vague impression que ce monsieur souriant, un peu exalté, cherchait à nous enfumer. En fait, j’avais choisi avec lui la solution de continuité. Mais pouvons-nous réussir à long terme avec des recettes libérales qui ont montré leurs limites et qui surtout sont incompatibles avec la crise écologique dans laquelle nous sommes ? Je me suis posé des questions et j’ai mené l’enquête. L’économie capitaliste, la finance basée sur l’idée d’un enrichissement perpétuel, sur la croissance peuvent-ils être la solution ? Et puis, à la rentrée, j’ai entendu à la radio une réaction de Zémour à la démission de Nicolas Hulot. Lui et sa bande d’écologistes, ils les a traités de « millénaristes ». En gros, vous savez, les millénaristes, ce sont des religieux, des chrétiens par exemple, des illuminés qui annoncent la fin du monde. Les avertissements apocalyptiques s'inscrivent dans une tradition ancienne sur laquelle je ne veux pas m’étendre. Ce n’est pas mon sujet. En résumé, quand un millénariste vous annonce la fin du monde, c’est un peu pour vous mettre la pression, pour vous pousser à vous convertir à sa foi. Seule cette croyance vous garantit la survie dans les cieux à cet anéantissement inévitable de l’espèce humaine. Bon, moi, ce qui me gène dans la déclaration de Zémour, c’est sa façon de traiter les écologistes de dangereux utopistes. Je me suis dit là : il faut que j’écrive une planche. Dans mon entourage et même parmi mes Frères, je constate que peu sont informés ou ne prennent pas très au sérieux le problème. Donc, l'originalité des théories actuelles est qu'elles s'appuient sur des faits scientifiques dont la réalité est reconnue par des rapports et expertises scientifiques et institutionnels. Ces experts peuvent être présentés comme des millénaristes scientifiques. Je m’arrêterai seulement sur deux groupes : le club de Rome (un groupe de réflexion réunissant des scientifiques, des économistes, des fonctionnaires nationaux et internationaux, ainsi que des industriels de 52 pays, préoccupés des problèmes complexes auxquels doivent faire face toutes les sociétés), le GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, créé en 1988). Mon sujet, c’est de vous montrer que l’effondrement est en cours et de vous proposer des pistes de réflexion sur le sujet.

Commençons par le début de l’histoire : le rapport Meados commandé par le club de Rome en 1972. Selon le rapport, le monde peut être perçu comme un ensemble global dont les parties sont interdépendantes. Le développement économique est induit par la croissance. Celle-ci est stimulée par la croissance démographique et une exploitation croissante des ressources naturelles. Cette croissance économique provoque de la pollution, qui elle-même sera cause de recul économique et/ou démographique. Par le jeu de ces interactions, une consommation excessive des ressources naturelles peut entraîner une crise économique durable. Ainsi la croissance économique s’arrêtera faute de matières premières (énergie, ressources minières, appauvrissement des sols, épuisement des ressources halieutiques, etc.), la population diminuera faute de nourriture et/ou, comme par le passé, au moyen de conflits armés.

Le rapport Meadows souligne la nécessité de mettre fin à la croissance afin de préserver le système mondial d’un effondrement envisageable selon eux et de stabiliser à la fois l’activité économique et la croissance démographique. Selon les auteurs, plus la prise de décision sera tardive, plus elle deviendra difficile à mettre en place. Donc, vous l’avez compris, c’est en 1972 qu’est mis sur la table la possibilité d’un effondrement dû à la pénurie des matières premières, des énergies fossiles ou à une hausse insupportable de la croissance. Le rapport est aussi très clair sur ce point : le progrès technique ne fera que différer l’effondrement inéluctable de l’écosystème mondial, incapable de supporter une croissance exponentielle.

Alors, vous vous dites ? Mince, la croissance n’a pas du tout été stoppé depuis 1972, au contraire. Eh oui, comme prévu, le problème est devenu plus aigu. Le GIEC a été créé en 1988. La menace du réchauffement climatique est devenue l’urgence absolue.

Les conclusions principales du rapport d’experts internationaux de 2014 sont :

  1. Il est encore possible de limiter l'élévation de température à 2 °C en moyenne planétaire de plus qu’avant la Révolution industrielle si les émissions mondiales de gaz à effet de serre sont « réduites de 40 à 70 % entre 2010 et 2050 » ;
  2. Le CO2 issu des combustibles fossiles joue le rôle majeur parmi les émissions de gaz à effet de serre ;
  3. Si les réserves de combustibles fossiles disponibles sont entièrement utilisées, des réchauffements de l'ordre de 4 à 5 °C seraient atteints en 2100, ce qui entraînerait une poursuite de ce réchauffement au siècle suivant jusqu'à 7 ou 8 °C.

Alors, concrètement, les émissions de CO2 ont continué à augmenter depuis 2014. Les scénarios actuels de 2018 nous prédisent un réchauffement à 4 degrés au cours du siècle. L’expert Stern brosse l’effrayant tableau d’un monde plus chaud de quatre degrés: le sud de l’Europe ressemblerait au Sahara et le désert africain s’étendrait vers le sud, avec des effets dévastateurs dans des pays comme le Nigeria.

La neige disparaîtrait de la chaîne de l’Himalaya, un paramètre qui modifierait aussi bien le lit que le débit des cours d’eau dont dépendent plus de deux milliards de personnes.

Le continent américain ne serait pas épargné, en particulier dans les Andes et les montagnes Rocheuses. Cette fonte des neiges provoquerait, entre autres, des pénuries chroniques d’eau dont souffriraient de nombreuses populations. De plus, la mousson du nord de l’Inde, qui conditionne l’activité agricole de centaines de millions de personnes, changerait radicalement, entraînant des migrations massives et des modifications fondamentales au niveau des modèles de production et de consommation des céréales, grains et légumes.

Des forêts comme celle du bassin amazonien seront frappées par la désertification et par la disparition de milliers d’espèces qui ne résisteront pas au nouveau climat. Les phénomènes climatiques extrêmes caractérisés par des vents très violents –ouragans, tempêtes et cyclones– deviendront plus fréquents.

La mer montera: une augmentation de deux mètres par rapport à son niveau actuel déplacerait 200 millions de personnes.

Alors là, vous allez me dire : mais il faut faire quelque chose!! Eh bien, non, Trump et Zémour se moquent du climat et des experts. La croissance est toujours l’alpha et l’oméga de nos politiques économiques et Macron croit dur comme fer que la finance, celle-là même qui accentue les risques d’effondrement, saura apporter des solutions. Le souci, c’est que les économistes libéraux contestent les expertises scientifiques. Vous voyez, ce sont des économistes mais ils en savent plus que les scientifiques. Le principal adversaire des conclusions du rapport Meadows a été le prix Nobel d’économie Friedrich Hayek « représentant de l'école autrichienne d'économie à tendance libérale » qui a contesté les calculs de Meados et qui a eu une influence considérable sur les politiques économiques de Thatcher et de Reagan. En gros, c’est à lui que l’on doit la grande vague ultra-libérale des 30 dernières années. Le président Ronald Reagan résume bien cette philosophie lors d'un discours à l'université de Caroline du Sud en 1983 : « Il n'y a pas de limite à la croissance, car il n'y a pas de limite à l'intelligence humaine, à son imagination et à ses prodiges ». Quel foi en l’homme !!! Vous me direz quel humanisme !! Aujourd’hui encore, nous sommes tellement émerveillés par nos bijoux technologiques, c’est devenu presque un réflexe. Il y a un problème !!! Eh bien, s’il y a un problème, il y a forcément une solution technologique.

Franchement, l’optimisme béat des libéraux fait chaud au coeur mais on peut se demander à présent si ce ne sont pas eux les grands utopistes de notre siècle. Ils ont quand même contre eux toute la communauté scientifique mondial. Le 13 novembre 2017, la revue BioScience et le journal Le Monde publient un manifeste signé par 15 364 scientifiques de 184 pays : constatant que depuis l'appel « World Scientists' Warning to Humanity » lancé en 1992 par l'Union of Concerned Scientists et plus de 1 700 scientifiques indépendants, dont la majorité des lauréats de prix Nobel de sciences alors en vie, « non seulement l'humanité a échoué à accomplir des progrès suffisants pour résoudre ces défis environnementaux annoncés, mais il est très inquiétant de constater que la plupart d'entre eux se sont considérablement aggravés ». Ils concluent : « Pour éviter une misère généralisée et une perte catastrophique de biodiversité, l'humanité doit adopter une alternative plus durable écologiquement que la pratique qui est la sienne aujourd’hui. Bien que cette recommandation ait été déjà clairement formulée il y a vingt-cinq ans par les plus grands scientifiques du monde, nous n'avons, dans la plupart des domaines, pas entendu leur mise en garde. Il sera bientôt trop tard pour dévier de notre trajectoire vouée à l'échec, car le temps presse ».

Eh oui, je sais, ce n’est pas très agréable à entendre mais le scénario de l’effondrement l’a déjà emporté. Les conférences de Rio, de Copenhague, la COP 21 à Paris n’ont produit aucun changement significatif dans les politiques gouvernementales, c’est même l’inverse. Nous savons déjà que l’acidification des océans aura des conséquences terribles. Nous savons que le réchauffement climatique entraîne le dégel du permafrost dans les terres du nord de la Russie, libérant des gaz à effet de serre qui accélèrent le phénomène. Le permafrost, ce sont comme de grandes tourbières remplies de méthane. Certaines poches en Sibérie remontent à 2,6 millions d’années et s’étendent à 1500 mètres de profondeur. Laisser le climat se réchauffer, c’est à coup sûr libérer des tonnes de CO2 issues de ce permafrost dans l’athmosphère. Mais qui empêchera la Russie d’exploiter ces immenses terres qui se dégèlent et qui regorgent de minerais ? Qui empêche la Chine de relancer son programme de production de charbon ? Qui empêche Trump de relancer l’exploitation des hydrocarbures, du gaz de schiste aux USA et dans le monde ? Nombreux sont ceux, et Trump n’est pas le seul, qui discrédite l’idée même qu’il y a un changement climatique. Meados nous dirait que cet aveuglement est criminel.  Son diagnostic à lui est plus précis : pour lui, nous n’avons plus les moyens de maintenir le mode de vie des pays riches. Il déclare en 2012 : „Dans à peine trente ans, la plupart de nos actes quotidiens feront partie de la mémoire collective, on se dira : «Je me souviens, avant, il suffisait de sauter dans une voiture pour se rendre où on voulait», ou «je me souviens, avant, on prenait l’avion comme ça». Pour les plus riches, cela durera un peu plus longtemps, mais pour l’ensemble des populations, c’est terminé. On me parle souvent de l’image d’une voiture folle qui foncerait dans un mur. Du coup, les gens se demandent si nous allons appuyer sur la pédale de frein à temps. Pour moi, nous sommes à bord d’une voiture qui s’est déjà jetée de la falaise et je pense que, dans une telle situation, les freins sont inutiles. Le déclin est inévitable.”

En fait, l’évolution de l’épuisement de nos ressources parlent d’elle-même. En 1972, nous utilisions 85% des capacités de la biosphère. Aujourd’hui, nous en utilisons plus de 150% et ce rythme s’accélère chaque année. Eh oui, que signifie le développement durable quand on en est là ? Pas d’autre solution : il faut ralentir. C’est la loi fondamentale de la physique qui l’exige : plus on utilise de ressources, moins il y en a. Donc, il faut en vouloir moins.

Et c’est sûr, sans planification, on ne pourra absolument rien faire. Au Japon, après Fukushima, ils ont fermé toutes les centrales nucléaires. Ils ne l’avaient pas planifié, cela a donc causé toutes sortes de problèmes. Ils ont eu les plus grandes difficultés à payer leurs importations de pétrole et de gaz. C’est possible de se passer de nucléaire, mais il faut le planifier sur vingt ans. C’est tout simple, nous avons besoin de politiques qui coûteraient sur des décennies mais qui rapporteraient sur des siècles. Le problème de la crise actuelle, qui touche tous les domaines, c’est que les gouvernements changent les choses petit bout par petit bout. Chaque fois, on ne résout pas le problème, on fait redescendre la pression, momentanément, on retarde seulement l’effondrement. Nos réponses sont inappropriées car le cerveau humain n’est pas programmé pour appréhender les problèmes de long terme et puis le temps politique n’aide pas aussi. C’est normal : Homo Sapiens a appris à fuir devant le danger, pas à imaginer les dangers à venir. Notre vision à court terme est en train de se fracasser contre la réalité physique des limites de la planète.

Donc pas de doute :  le système finira par s’effondrer sur lui-même au cours du XXIe siècle. Par effondrement, il faut entendre une chute combinée et rapide de la population, des ressources, et de la production alimentaire et industrielle par tête. Nous sommes dans une période de stagnation et nous ne reviendrons jamais aux heures de gloire de la croissance.

Alors, comment atténuer les conséquences dramatiques d’une catastrophe annoncée ? Vous le savez bien : nos sociétés ne peuvent pas encaisser des changements trop brusques et trop radicaux. Il faut du temps pour mettre en place des politiques mais il faut bien commencer un jour. Je ne prétends pas avoir toutes les solutions, je souhaite seulement ouvrir le débat et vous entendre sur ce sujet qui me semble absolument capital. Revenons à la source : le rapport Meados souligne la nécessité de mettre fin à la croissance afin de stabiliser à la fois l’activité économique et la croissance démographique. Sur le plan démographique, les auteurs prônaient des mesures telles que la limitation de deux enfants par couple. Sur le plan économique, ils évoquaient des taxes de l’industrie, afin d’en stopper la croissance et de réorienter les ressources ainsi prélevées vers l’agriculture, les services et surtout la lutte contre la pollution. A quand une taxe sérieuse sur le carbone ?  Pour que cette économie sans croissance puisse être acceptée, les auteurs proposaient de répartir les richesses afin de garantir la satisfaction des besoins humains principaux. Vous l’avez compris : le retour du politique est une urgence absolue ! Les Etats doivent reprendre la main. L’Europe soit s’engager résolument dans une planification résolue de sortie des énergies fossiles. Il faudra prendre de grandes décisions comme Rooselvelt les a prises en 1932 en imposant un contrôle beaucoup plus drastique de la finance. Tous individuellement, nous devons nous préparer à une révolution de nos comportements et de nos modes de vies. Nos valeurs doivent aussi changer. La richesse, la consommation de biens matériels ne seront plus les critères de réussite. Cultiver son jardin comme le fait notre F Jean-Pierre, voilà l’avenir : des petits bonheurs simples, une bonne petite piquette au coin du feu en compagnie de ses amis, la beauté d’un paysage, le plaisir d’une promenade... Revenons sur terre et apprenons à partager.

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Rédigé par FR2

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