Publié le 26 Septembre 2015

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Publié le 19 Septembre 2015

"Le moine et le Vénérable" - de Christian Jacq

Un moine et le Vénérable d'une loge maçonnique se retrouvent dans les geôles nazies que Himler a mises au point pour tenter d'extirper les secrets des ordres... Ces deux hommes, dont les idéologies ne s'accordent pas, s'opposent et sont en même temps côte à côte face à à leurs tortionnaires prêts à tout pour découvrir la Vérité... Un livre tout à fait poignant.

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Publié le 17 Septembre 2015

Emma ou la quête difficile du bonheur

Madame Bovary, le roman de Gustave Flaubert, qui s’en souvient ? Qui l’a lu jusqu’au bout sans mourir d’ennui ? Vous vous dites sûrement avec raison que ce roman n’a rien à nous dire. Eh bien, détrompez-vous car je l’ai relu l’an passé pour des raisons professionnelles et j’ai découvert que nous avons tous en nous une Emma Bovary. Nous rêvons de caresser les objets que nous n'avons pas. Nous désirons ce qui nous échappe et nous courons vers le bonheur en nous laissant leurrer. Avoir des choses, c'est la passion de l'homme moderne. Flaubert a très bien décrit dans son roman cette fuite en avant, cette maladie du désir qui réclame toujours plus de consommation, toujours plus de croissance et toujours plus de dette. Nous ne sortons pas de ce cercle infernal. Emma veut plaire à ses amants, elle veut les plus belles robes et c’est le personnage de Monsieur Lheureux qui lui procure les choses dont elle rêve. Monsieur Lheureux est malin comme un diable, il incarne la nouvelle société de consommation. Usurier ou tailleur comme il vous plaît, il promet le bonheur avec un large sourire, il tisse patiemment la toile dans laquelle Emma va lamentablement s’empêtrer. Au fond, Lheureux, c’est un paradoxe vivant, c’est l’oiseau de malheur qui guette sa proie. En voulant trop et en confondant l'être et l'avoir, Emma court à la catastrophe. Criblée de dettes, elle préfère se suicider plutôt que d'affronter la dure réalité. Nous aussi, nous risquons de nous écraser dans un mur si nous n'ouvrons pas les yeux.

Nos sociétés démocratiques se sont pourtant construites sur cette promesse d’une croissance indéfinie. Tout le monde veut acquérir sa voiture, sa télé, sa machine à laver... Le miracle de la société industrielle a été de donner à tous ce rêve – ou cette illusion ! – de pouvoir s’élever au-dessus de sa situation. Les promesses ne manquent pas. Depuis le temps de Flaubert, nous avons multiplié les possibilités de bonheur. Les progrès sont fantastiques. La ruée vers le plaisir est sans fin. Le mirage est devant nous et nous courons toujours.

Flaubert est un visionnaire : il observe dans ses prémices l’emballement de la société de consommation alors que les églises se vident. Le veau d'or s'est installé sur l'autel. Plus personne ne veut parier sur le jugement dernier. Plus question d'attendre en se croisant les pouces. Le désir est une mécanique qui nous propulse dans une vie intense semée de pièges et d'embûches. Emma l'a bien compris mais elle est une femme. Elle devra attendre encore une centaine d'années avant d'avoir les mêmes droits que les hommes : faire des études, disposer de son corps et surtout d'une carte de crédit à plafond limité.

Le roman de Flaubert publié en 1857 nous raconte les débuts du monde moderne et nous sommes aujourd'hui tous comme Emma, nous cherchons le bonheur désespérément. Comment se fait-il qu’il nous échappe alors qu’il s’affiche à tous les coins de rue ?

Cette question intéresse bien sûr les économistes qui ont crée une discipline appelée l’économie du bonheur. Cette discipline tente de mesurer la manière dont les gens perçoivent leurs expériences et la satisfaction qu’ils retirent de leur participation à la vie économique et sociale. Cette démarche complète la méthode classique qui mesure les transactions sur le marché afin de nous renseigner sur ce que les gens ont voulu faire et ce qui leur plaît : le diplôme, l’emploi, la taille du foyer, le logement, le niveau des revenus sont pour la méthode classique des critères objectifs de réussite sociale.

L'économie du bonheur essaye d'aller plus loin en allant glaner des informations supplémentaires qui sont de nature non pas objectives mais subjectives. Elle permet de saisir des choses qui n’ont pas de prix sur le marché mais qui sont importantes pour la vie collective.

Cette économie du bonheur s'appuie sur de grandes enquêtes qui ont permis de mettre en évidence certaines structures du bonheur. On sait aujourd’hui qu’il décroît à la fin de l’adolescence, qu’il atteint un minimum vers 45 ans – un âge qui correspond au pic des suicides – et remonte ensuite. On sait aussi que dans les pays développés, les femmes sont plus heureuses que les hommes. Et que la vie en couple, la religion et les relations sociales augmentent le bonheur.

Cette discipline s’est considérablement développée avec les travaux d’un démographe et économiste américain, Richard Easterlin : il est le premier à avoir posé la question de savoir, selon son expression, si « l’augmentation du revenu de tous permettrait d’augmenter le bonheur de tous », c’est-à-dire si la forte croissance de l’après-guerre a rendu les gens plus heureux. Ses études ont montré que non : entre 1947 et 1970, la croissance n’a pas augmenté le bonheur moyen des Américains. Ce paradoxe a ouvert un large débat : si les agents économiques sont rationnels, pourquoi dépensent-ils tant d’énergie à nourrir une croissance qui ne les rend pas plus heureux ?

Richard Easterlin fournit deux explications. La première, c’est que tout est relatif. Ce qui compte, pour la plupart des gens, c’est de faire mieux que leur groupe de référence – leur famille, leurs collègues, leurs voisins. Cette passion de la rivalité, qui est le moteur de l’économie de marché, conduit à une impasse : les gens ont beau atteindre un niveau de confort et de consommation plus élevé, ils n’en retirent pas de satisfaction car ce qui compte, pour eux, c’est l’écart qu’ils constatent avec leurs proches. La deuxième explication avancée par Easterlin, c’est l’adaptation. Les aspirations évoluent avec le niveau de vie : dès que les gens ont atteint un objectif, ils en formulent un nouveau qu’ils ne sont pas sûrs d’atteindre. Du coup, l’écart entre ce qu’ils ont et ce à quoi ils aspirent n’est jamais comblé, ce qui amoindrit leur bonheur. Selon Easterlin, ce sont les interactions sociales qui détruisent les bénéfices de la croissance.

Les travaux d’Easterlin ont ouvert un vaste champ de recherche : la liberté, la sécurité, le confort matériel et la croissance entraînent une augmentation du bonheur individuel. Elles ont également révélé que pendant les périodes de croissance, le bonheur s’homogénéisait – le niveau de satisfaction est de plus en plus resserré autour de la moyenne – alors que pendant les périodes de récession, les écarts entre les individus se creusent. La croissance ne suffit peut-être pas à rendre les gens heureux, mais elle crée de la cohésion et rapproche le destin des citoyens dans le domaine du bien-être. Cela est sans doute lié au fait que la croissance moderne développe les biens publics matériels (le système de santé, l’école, les routes) mais aussi les infrastructures immatérielles (les libertés civiles, l’égalité hommes-femmes ou la liberté d’expression).

Ces études nous donnent des pistes mais elles ne délivrent pas les secrets du bonheur. La notion est en effet toute relative. Le bonheur aime qu’on lui court après mais personne ne réussit à l’attraper. Le phénomène est par nature éphémère. Plus globalement, deux constats s’imposent : la croissance ne rend pas plus heureux, plus paradoxal, le développement de la société de consommation s’accompagne du recul de la religion alors que les enquêtes montrent que celle-ci rend heureux. Emma ne va plus à l'église, elle a perdu la foi et un vide s'installe en elle. La possession d'objets, les progrès techniques, le confort de la vie moderne ne comblent pas ce vide. Houellebecq dans ses romans raconte la même histoire désenchantée. Je le cite : «La logique du supermarché induit nécessairement un éparpillement des désirs: l’homme du supermarché ne peut organiquement être l’homme d’une seule volonté, d’un seul désir. D’où une certaine dépression du vouloir chez l’homme contemporain; non que les individus désirent moins, ils désirent au contraire de plus en plus; mais leurs désirs ont acquis quelque chose d’un peu criard et piaillant.»

Comme lorsqu’il s’agit de choisir une destination, le personnage houellebecquien gère mal l’approfondissement des gammes. Ce malaise est renforcé par le fait qu'il mette tout sur le même plan: le choix d’une marque de surgelés, une retraite dans un monastère ou un stage religieux new age, une virée en Irlande ou dans une boîte échangiste. Cette logique est poussée jusqu’au bout dans son dernier roman Soumission où la conversion simplifie la vie du personnage principal, un universitaire qui préfère se soumettre à l’islam par intérêt plutôt que de poursuivre l’exercice douloureux de la liberté. Le phénomène religieux fascine cet auteur et il observe avec un certain désespoir sa disparition programmée en Occident.

Pourquoi cette nostalgie ? Il est clair que la religion offre des réponses et qu’elle relie les hommes autour de croyances et de rituels. Emma, elle, a perdu le lien avec les autres. Elle a pourtant gagné en pouvoir d’achat. Elle a fait des études, elle serait aujourd’hui cadre commerciale dans une banque ou dans une grande surface. Comme elle ne supportait plus la balourdise de son mari Charles, elle a divorcé. Elle a un enfant, elle vit sa vie à cent à l’heure mais rien ne la comble vraiment. La société de marché la fragmente et nous sommes comme elle, isolés et fragmentés, criards et piallants. Rien ne soude les moments forts de nos existences. Je pense à ma naissance : personnellement, je n’ai pas été baptisé, cela ne m’empêche pas de dormir mais aucune cérémonie n’a accompagné ma venue dans ce bas-monde. C’est une secrétaire grincheuse qui m’a remis le bulletin qui accréditait ma réussite au bac : j’étais en retard car j’avais travaillé toute la journée pour me payer un voyage en Espagne. Le jour où j’ai été reçu au CAPES, ma mère qui avait sa tête des mauvais jours, m’a lancé : « T’as eu de la chance... ». Je pourrais allonger la liste et parler des enterrements qui sont devenus très discrets comme si dans nos sociétés policées la mort n’existait pas.

Au fond, ce qui préoccupent les écrivains comme Flaubert ou Houellebecq, c’est de comprendre le moteur de la civilisation quand la religion s’efface. Les spécialistes répondent que c’est la passion de la rivalité, le poète dira que c’est le désir, d’autres parleront d’épicurisme qui est une façon intelligente de le gérer et de le modérer. Flaubert comme Houellebecq nous disent au fond que sans religion, une civilisation est condamnée à une mort lente car le désir ne suffit pas, il offre des îlots de bonheur mais pas de communion, pas de force. Houellebecq avoue avoir raté sa conversion au catholicisme. Et quand il étudie le mouvement des galaxies, le fonctionnement des trous noirs, il ne peut pas s’empêcher de penser qu’une intelligence supérieure préside à ce merveilleux agencement. Je suis également tenté de faire des liens entre la beauté d’un corps en mouvement, la majesté des étoiles et des galaxies et la fulgurance d’un mot qui touche en plein cœur. Dans une société laïque, comment réaffirmer nos valeurs de solidarité ? Comment réintroduire du sacré dans les grands moments de la vie sociale ? Pendant l’Antiquité, les Grecs organisaient des concours de tragédies et de comédies qui impliquaient toute la cité. Ces concours pourraient être à nouveau institués dans toutes les écoles de la République. Il faudrait réintroduire des cérémonies ou des serments républicains par exemple à 18 ans quand on devient citoyen de plein droit ou à la fin des études pour marquer le passage à l’âge adulte. Il faudrait réapprendre à enterrer nos morts comme le fait Michel Rostain dans son récit Le Fils. L’écrivain, sidéré par la laideur et la froideur des obsèques qu’on lui propose, réinvente et sacralise de façon touchante et personnelle l’enterrement de son propre fils fauché à 20 ans par un virus.

Il ne s’agit pas d’imposer le sacré mais de lui donner plus de place en le réinventant. Il ne s’agit pas non plus de condamner la croissance et la consommation. Nous en avons besoin pour créer des emplois et préserver notre cohésion mais cela ne suffit pas pour nous réunir. Il faut peut-être se faire à l’idée qu’il n’y aura plus de croissance fabuleuse. Un développement plus lent, moins spectaculaire, plus respectueux de l’environnement et de la dignité humaine est possible et il s’impose dans le monde d’aujourd’hui comme l’affirme l’économiste Daniel Cohen dans son essai Le monde est clos et le désir infini. Dans un monde plus incertain mais plus solidaire, Emma trouvera plus d’apaisement si elle se ménage des temps de recueillement et de partage avec les autres, si elle prend le temps de lever la tête vers les étoiles, si elle va de temps en temps au théâtre et qu’elle en sort émue et transformée, si elle peut librement s’exprimer et s’épanouir dans sa relation avec les autres, si elle se sent appartenir à une communauté nationale, européenne et mondiale, si elle s’engage en fraternité avec et pour les autres.

Emma ou la quête difficile du bonheur
Emma ou la quête difficile du bonheur

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Publié le 16 Septembre 2015

Cet article est reposté depuis Le Blog des Spiritualités.

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Rédigé par Jean-Laurent Turbet

Publié dans #Franc-Maçonnerie, #Bourseiller, #2CAL1

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Publié le 11 Septembre 2015

Collecte au profit des réfugiés

COLLECTE AU PROFIT DES MIGRANTS

du 14 au 18 septembre 2015

Plusieurs associations françaises de Budapest lancent un appel à vos dons pour venir en aide aux réfugiés passant en Hongrie. Ceux-ci, dont de nombreuses familles, manquent :

- de couvertures

- de tapis de sol/de camping

- d’imperméables légers, de vêtements de pluie

- de petits paquets de nourritures individuels (biscuits, gaufrettes, muesli, bonbons, fruits secs...)

- du café instantané, du thé et du sucre

C'est pourquoi les associations et organisations francophones de Hongrie suivantes se mobilisent.

Français du Monde ADFE – Hongrie

Budapest Accueil

L'Entraide

Association des Parents d’Élèves du Lycée Français Gustave Eiffel de Budapest

Union des Français de l’Etranger - Hongrie

La loge François Rákóczi II

Vues de Budapest – Hongrie

Ceux qui souhaitent s’associer à cet élan de solidarité peuvent déposer leurs dons tous les jours du 21 au 25 septembre de 7h45 à 8h15 et de 14h45 à 15h15 devant l’entrée du Lycée Français de Budapest.

Les dons seront transmis à l’association hongroise Migration Aid.

Contacts

Franck Lefebvre – Conseiller Consulaire - franck.lefebvre@conseiller-consulaire.com – 06 30 43 03 734

Michaël Lefebvre – Blog : Vues de Budapest Hongrie – vuesdebudapesthongrie@gmail.com

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Rédigé par FR2

Publié dans #humanisme

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Publié le 9 Septembre 2015

Déclaration des Obédiences Européennes sur la situation des migrants, signée le 07 septembre 2015 par 28 Obédiences maçonniques.

Les Obédiences maçonniques européennes alarmées par la tragédie vécue par les migrants qui fuient des pays en guerre et en proie à la misère en appellent aux gouvernements européens pour qu’ils mettent en œuvre les politiques communes indispensables à un accueil digne et humain de populations en détresse et en péril. L’incapacité des Etats à surmonter les égoïsmes nationaux est un nouveau signal d’une Europe malade où le chacun pour soi l’emporte sur l’intérêt général.

Les Obédiences maçonniques européennes rappellent que le respect des droits de l’homme et du principe de dignité humaine font partie des principes fondateurs de la construction européenne. C’est sur la base de tels principes que la solidarité entre les nations s’est mise en place. L’esprit de solidarité est encore plus nécessaire au vu des bouleversements qui affectent de nombreuses régions du monde.

Sans revenir sur l’histoire d’un continent qui s’est forgé au gré de nombreuses migrations, les drames présents doivent provoquer une prise de conscience et insuffler des politiques d’accueil innovantes. A défaut, le continent européen sera à terme le théâtre de divisions et de conflits qui précipiteront les peuples dans un nouveau malheur. Il n’en résultera qu’une nouvelle exacerbation des nationalismes.

La tragédie présente doit donc être le creuset d’une renaissance et d’un renouveau du rêve européen. Les Obédiences maçonniques signataires attendent désormais des actes dans lesquels les valeurs de solidarité et de fraternité fondatrices de l’Europe y trouvent leur juste expression.

Obédiences signataires

Grand Orient de France

Grande Loge Féminine de France

Grande Loge de France

Fédération Française du Droit Humain

Grande Loge Mixte de France

Grande Loge Mixte Universelle

Ordre Initiatique Traditionnel de l’Art Royal

G.L.R.I S.R.U

Grande Loge Libérale d’Autriche (Autriche)

Grand Orient de Belgique (Belgique

Grande Loge de Belgique (Belgique)

Grande Loge Féminine de Belgique (Belgique)

Fédération Belge du Droit Humain (Belgique)

Lithos (Belgique)

Grande Loge de Croatie (Croatie)

Fédération Espagnole du Droit Humain (Espagne)

Ordre Maçonnique Mixte International DELPHI (Grèce)

Sérénissime Grand Orient de Grèce (Grèce)

Grand Orient d’Irlande (Irlande)

Grande Loge d’Italie (Italie)

Grand Orient du Luxembourg (Luxembourg)

Grand Orient de Pologne (Pologne)

Grande Loge Symbolique du Portugal (Portugal)

Grand Orient Lusitano (Portugal)

Grande Loge Féminine de Roumaine (Roumanie)

Grand Orient de Suisse (Suisse)

Grande Loge Féminine de Turquie (Turquie)

Association Adogmatique d’Europe Centrale (Pologne, Hongrie, Roumanie, Slovénie)

28 obédiences maçonniques se prononcent sur la situation des migrants.
28 obédiences maçonniques se prononcent sur la situation des migrants.

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Rédigé par FR2

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Publié le 6 Septembre 2015

Un document éclairé, dans lequel interviennent Michel Chomarat, André Combes, Roger Dachez, Maurice Harel, Ludovic Marcos et Philippe Sollers.
by feudusoleil

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Rédigé par FR2

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Publié le 6 Septembre 2015

Matière et Esprit. Une entité ?

Je commencerai, comme il convient, par une définition des termes.

Matière : est-ce vraiment utile de définir ? Pas sûr, mais je vais le faire quand même. La matière est ce qui paraît palpable et visible, ce qui est directement accessible à nos sens. Elle est inerte, sans vie, immobile, stable, et pourquoi pas éternelle, à l’image de cette pierre brute posée sur le sol, près de l’Orient . J’ai trouvé dans un dictionnaire : « Chose physique, corporelle, par opposition à l’esprit ». Voilà qui va directement dans le sens de ma réflexion.

Esprit !! Là, j’avoue avoir du mal. Que disent les dictionnaires ? « Être immatériel, revenant, fantôme, qui est supposé se manifester sur terre ». « Siège de la pensée ». « Partie incorporelle de l’être humain, par opposition au corps, à la matière ».

On retombe donc sur le même leitmotiv : l’esprit se définit par l’opposition à la matière. Il est tout ce que la matière n’est pas. Vous aurez compris que le but de mon propos de ce midi est de montrer que cette opposition est sinon inexistante, du moins beaucoup moins grande qu’il n’y paraît.

Je pense en effet que la matière possède la plupart des propriétés attribuées à l’esprit, mais pour appréhender cela, il faut écarter à 90°, les branches de notre compas. Il faut pénétrer au plus profond de la matière, et descendre à l’échelle atomique, voire subatomique. Mais avant cela, il convient de prendre en compte l’énorme différence d’échelle entre notre monde et celui des atomes.

Vous avez entendu parler du nombre d’Avogadro : 6.022*10 puissance 23. Cela signifie, par exemple que dans 18 g d’eau, il y a 6.022*10 puissance 23 molécules. Le problème est que la représentation de ce chiffre nous empêche d’en saisir la réalité. Pour tenter de nous en approcher, prenons une image. Remplissons d’eau un petit verre à palinka, la taille fillette de 2 cl. Pas de panique, mes Frères, il ne s’agit pas d’avaler ce liquide incolore, inodore et sans saveur ! C’est juste pour l’exemple. Dans ce verre, il y a, à quelques milliers de milliards près, 7*10 puissance 23 molécules, soit 700 mille milliards de milliards ! Là encore, nous ne voyons rien d’autre que l’énormité du chiffre, mais de compréhension aucune trace.

Remplaçons maintenant chacune de ces molécules d’eau par une goutte du même composé ; une goutte normale, d’un vingtième de cm3. Quel volume d’eau allons-nous obtenir ? Le résultat est ahurissant et même, comme l’on dit en Colombie, stupéfiant. J’ai refait le calcul plusieurs fois, à deux jours d’intervalle, (et ce matin encore) tellement cela me paraissait incroyable. On obtient 35 millions de Km3 !! Là encore, le chiffre est tellement énorme, qu’il faut une image. Cette quantité d’eau couvrirait la France entière sur une hauteur de……… 70 Km !!!!

Qu’est ce que je veux dire par là ? Que la réalité de la matière ne se cantonne pas à ce qui est directement accessible à nos sens, que seuls, notre cerveau, notre réflexion, sont capables de s’en approcher et que la profondeur abyssale de cette différence d’échelle doit rendre acceptable des caractéristiques qui semblent surnaturelles.

Quelques exemples de ces caractéristiques.

Vous assistez à un match de rugby… et oui, je sais que ça vous arrive !! Vous n’êtes pas devant un écran, mais dans le stade. Votre taux d’alcoolémie se trouve dans la zone normale, entre 0.5 et 1 g. Vous êtes donc en pleine possession de toutes vos facultés, et n’avez aucune raison objective de mettre en doute ce que vous allez voir. Le match commence. Première mêlée. Le ballon est introduit. Les deux blocs de muscles se battent pour se l’approprier. Quelque chose sort de la mêlée……….. mais au lieu du ballon, c’est un piano mâle ! Pardon, un piano à queue. Stupeur dans le stade, le match est interrompu. La nouvelle fait sensation dans le monde entier, mais il faut se rendre à l’évidence, la chose est bien arrivée : le ballon s’est transformé en piano sous les yeux de 20 000 spectateurs.

Ce genre d’évènement est tout à fait normal, et même d’une affligeante banalité, dans le monde des atomes.

Prenez un noyau atomique. Bombardez-le avec un neutron, bien sûr, à la bonne vitesse. Le neutron est absorbé par le noyau, qui va émettre un photon. D’où vient ce photon, ce minuscule grain de lumière ? Il n’était pas plus dans le noyau que le piano à queue n’était dissimulé dans la mêlée. Il résulte de l’équation d’Einstein, que même les moins scientifiques d’entre nous connaissent : E= m c2. L’énergie est égale à la masse multipliée par le carré de la vitesse de la lumière.(« masse » signifie « quantité de matière »)Dans le cas que je viens d’évoquer, cela veut dire que l’énergie cinétique du neutron entrant a été convertie en matière, sous la forme du photon.

Mais là, personne ne dit rien, personne ne crie au miracle, pour la simple raison que ce phénomène n’est pas accessible à nos yeux, fussent-ils munis du plus puissant des microscopes connus. Ceci n’est « visible »que par notre cerveau, ou plutôt par ce que nous a transmis la foule des cerveaux de ces doux dingues que sont les scientifiques.

Autre exemple.

La matière est quasiment vide, au point que nous sommes en droit de nous demander si elle a une existence, une réalité palpable. Bon, je force un peu le trait ……… quoi que !!

Comment sont constitués les atomes ?

Le modèle de Niels Bohr, élaboré en 1913 décrit les atomes à l’image du système solaire. Le noyau occupe le centre, comme le soleil, et les électrons tournent autour, pas tout à fait comme les planètes, car sur une sphère et non un cercle. Bohr n’a jamais prétendu que ceci était la réalité, ce n’était à l’époque qu’une théorie, fumeuse pour certains. Mais l’avantage de cette représentation était la simplicité. La réalité, établie depuis avec certitude, est toute autre. Les électrons ne tournent pas autour du noyau, ils se déplacent de manière incohérente, incompréhensible, et ce que Bohr appelle la trajectoire des électrons est en fait le lieu où la probabilité de leur présence est maximum. Mais le plus surprenant est la structure des atomes : si le noyau avait un diamètre d’un cm, les électrons auraient un centième de mm, et « tourneraient » à un Km du noyau. Voilà donc un dé à coudre qui est seul dans un espace d’un Km de rayon, rempli par un truc minuscule. Encore plus fort : l’électron ne représente que 0.1% de la masse de l’atome, dans le cas de l’hydrogène, par exemple Tout cet espace, cette sphère d’un Km de rayon est donc quasiment vide. Il est rempli par une espèce de fantôme minuscule qui donne l’impression que cette sphère gigantesque est pleine

Une preuve de la réalité de cette affirmation est donnée par les trous noirs. Dans ces étoiles mortes, tous les noyaux atomiques, débarrassés de leurs électrons, se sont écrasés les uns sur les autres. La matière est alors tellement dense qu’elle attire la lumière. Si l’on faisait subir ce processus d’écrasement à la terre, elle serait réduite à une boule de quelques cm de diamètre. Toute la terre dans une balle de golf, ou pour ceux qui n’aiment pas les sports de riches, une balle de ping-pong. N’est ce pas pour le moins étonnant ??

Et selon certains scientifiques, les noyaux atomiques seraient constitués selon le même modèle que les atomes, cad d’autres particules, encore plus petites, et elles mêmes quasiment vides.

Troisième et dernier exemple : Les neutrinos.

Malgré leur mise en évidence en 1956, ils sont moins connus que le boson de Higgs. Ces particules ont reçu, de la part des scientifiques, le qualificatif de fantôme. Il est entièrement justifié. Pourquoi ? Il y en a 300 par cm3 dans tout l’univers (c’est un résidu du Big Bang). La terre en reçoit du soleil, chaque seconde, 65 milliards par cm2, et elles la traversent de part en part comme si de rien n’était. Pas toutes bien sûr, seule une sur 100 milliards reste bloquée. Cela signifie que ces particules réagissent extrêmement peu avec la matière. D’où le qualificatif de fantôme ! Mais il y a mieux, encore plus extraordinaire. En réalité, il n’y a pas un type de neutrinos, mais trois….. et chaque neutrino passe périodiquement d’une forme à l’autre. La démonstration scientifique remonte à l’année 2000. Cette transformation porte même un nom : l’oscillation des neutrinos. Que dirions-nous si un ballon de rugby se transformait périodiquement en boule de pétanque et en balle de golf ?? Tout le monde crierait au miracle, au paranormal, à la puissance des esprits. Que dirions-nous si ce même ballon traversait un mur de béton armé ? Mais là, rien.

Que veulent démontrer ces quelques exemples ? Tout simplement que la matière possède, au plus profond d’elle-même, beaucoup des caractéristiques attribuées à ce que l’on entend par « esprit ».

Mais la démonstration inverse est-elle possible ? La matière a des propriétés « fantomatiques », mais l’esprit, fantomatique par essence, se manifeste t’il sous une action matérielle ? Plus difficile à trouver, essentiellement du fait que l’esprit est une notion assez floue.

J’ai cherché, et n’en ai trouvé que deux. La première un peu tirée par les cheveux, ou, comme disent certains, capillo-tractée

1 .Un fantôme ou un esprit, appelez le comme vous voudrez, s’introduit nuitamment dans votre chambre à coucher dans l’intention de venir vous chatouiller la plante des pieds. Vous ne sentez rien, bien sûr. Il tente de vous chatouiller les pieds, mais il ne peut que très très peu, agir sur la matière en général et sur celle de vos pieds en particulier. Il repart déçu, et son passage arrive à peine à faire frissonner les rideaux. La similitude avec les neutrinos n’est-elle pas troublante ?

2 . L’effet placébo. On désigne par ce vocable l’action guérissante d’un médicament dénué de tout produit actif. Dans l’étude d’efficacité d’un médicament, on teste toujours l’action du produit sur deux échantillons de populations dont l’une reçoit un truc vide. Tout simplement, car le simple fait de prendre ce que l’on croit être un médicament entraîne un certain pourcentage de guérisons. N’est ce pas là une preuve que l’esprit agit sur la matière, fut elle vivante ?

Mon objectif, par cette planche, est de montrer que tout n’est pas tout noir ou tout blanc, et cela vaut pour tous les autres sujets. La matière n’est pas inerte. Elle est porteuse de vie. Je suis pour ma part, persuadé que la matière coule vers la vie, aussi naturellement que les fleuves se dirigent vers la mer. L’esprit est une création…….. de nos esprits, de notre culture, de notre besoin de donner un nom à ce qui n’est pas directement perceptible. Il est en effet des cultures, essentiellement asiatiques, et j’avoue mon ignorance dans ce domaine, qui ne font pas, comme nous, cette distinction. Pour elles, matière et esprit sont une même entité. Je pense qu’elles ont raison. Je pense que la matière a suffisamment de propriétés mystérieuses, voire incompréhensible, pour ne pas devoir se servir d’un autre concept, en vue d’expliquer tous ces phénomènes « paranormaux ».

Reste cependant une différence : nous savons que nous sommes là. Sans nous, il n’y aurait pas de questions, puisque personne pour se les poser. Cela s’appelle la conscience. Mais ça, c’est un vaste sujet que je me garderai d’aborder ce midi.

Je conclurai par un souhait : que ces quelques réflexions nous donnent …..matière à discuter, et que nos échanges soient guidés par la force ……. de nos esprits.

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